Le sanglier et la gazelle

 

 On raconte que le sanglier vivait dans les régions de l’extrême sud, là où abondent les œillets et les foraminifères surpeuplés.

Il se restaurait à sa guise et allait se rafraîchir dans les eaux des rivières environnantes.

Un jour, il aperçut une gazelle, fille des vastes étendues, connaissant pour seule nourriture les fleurs de chrysanthèmes et la flore du désert. Il s’amouracha d’elle et lui demanda d’accepter sa compagnie vers sa province.

La gazelle consentit. Elle s’élança et le sanglier suivit en trottant. Quand elle se rendait compte qu’elle l’avait beaucoup devancé, elle s’arrêtait un moment et, dès qu’il se rapprochait, elle reprenait de nouveau sa course. Arrivée sur ses terres, la gazelle se tourna vers le sanglier, souffrant de la soif, et lui parla en ces termes :

-Vieux sanglier, qu’y a-t-il de commun entre nous pour que tu demandes ma main ? Te voici en plein dans les régions du nord ! Où sont donc les chameaux, les chevaux et l’épouse consentante ? Ta tête est grosse et difforme et tu ne cesses de te rouler dans la poussière.

Il répondit :

-Je n’escomptais point l’échec. En voyageant, j’ai voulu trouver au nord la fortune, les chevaux et les fils. Penses-tu que c’est pour tes beaux yeux que je me suis rendu jusqu’ici ? Tu es décidément prétentieuse et indiscrète à la fois !

 

 

 

[1] Source : Ajar Lebyedh